Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     DON     
FEW III donum
DON, subst. masc.
[T-L : don ; GDC : don ; AND : don1 ; DÉCT : don ; FEW III, 138b : donum]

A. -

"Don"

 

1.

Avoir de qqn un don de qqc. "Recevoir de qqn un don touchant à qqc." : Et la tout chevalier de noble lignie qui y vouldront venir veillier la sourveille et la veille et le jour XXVe de juing, sans sommeillier, auront un don de toy des choses que on puet avoir temporelment des terriennes choses, sans demander ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle. (ARRAS, c.1392-1393, 13).

 

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Demander à qqn un don : Et ceulx qui ce don [ton corps, ne t'amour, en estat de mariage ou d'autre conjunction naturelle] te demanderoient, sans eulx vouloir deporter, seroient infortunez jusques à la IXe lignie et seroient dechaciez de toutes leurs prosperitez. (ARRAS, c.1392-1393, 13).

 

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Demander à qqn un don pour qqc. : Vous actendrez tant que ly baron auront fait hommage, et lors vous trairez avant, et demanderez au jeusne conte un don pour tout le salaire du service que vous feistes oncques a son pere (ARRAS, c.1392-1393, 31).

 

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Delivrer un don à qqn : Et retournez icy devers moy le landemain que on vous aura delivré vostre don, et en prennez les chartres. (ARRAS, c.1392-1393, 31).

 

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Recevoir le don de qqc. "Recevoir qqc." : Lors appella le roy Hervy, car il l'amoit moult, et lui dist : Hervy, recevez le don de la baronnie de Leon que voz cousins vous veult donner, et m'en faictes hommage. (ARRAS, c.1392-1393, 66).

 

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Accorder/ donner un don à qqn : ...car de main de plus vaillant homme je ne puis recevoir l'ordre de chevalerie que de la vostre. Par foy, dist le roy, sire damoisiaux, vous me portez plus d'onneur que vous ne m'en dittes. Si m'en dictes vous plus cent foiz que je ne vaulz, et cellui don vous accorde je, car il ne fait pas a reffuser. Mais aprez ce que je l'auray acomply ainsi comme vous l'avez requis, vous m'aurez en convenant, s'il vous plaist, que, aprez ce, vous me donrez un don, lequel ne vous tournera ja a dommage du vostre, mais a vostre tres grant prouffit et honneur. (ARRAS, c.1392-1393, 119).

 

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Faire à qqn le don de qqc. : Par ma foy, ma doulce amour, vous avez trop plus fait pour moy que je n'ay pour vous, quant vous me avez fait le don de vostre noble corps et herite de vostre noble royaume, et avecques moy n'avez rien prins que mon corps. (ARRAS, c.1392-1393, 192).

 

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Vouloir un don : Or demandez chose raisonnable, et vous l'aurez, car moy ne povez vous avoir. Par foy, dist le roy, touteffoiz ne vueil je autre don, ne autre ne vous demanderay. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

 

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Faillir à un don. "Ne pas l'obtenir" : Toutesfoiz ne vueil je autre chose que le corps de vous, car pour autre chose ne suiz je cy venuz. Et lors que la dame voit qu'il ne muera point son propos, si fu moult courroucee, et lui dist : Folz roy, or as tu failly a moy et a ton don, et t'es mis en adventure de demourer ceans a tousjours mais. Povre fol, n'es tu pas descendu de la lignie du roy Guion, qui fu filz Melusigne, ma seur, et je suis ta tante, et tu es si prez de mon lignaige, posé que je me voulzisse assentir a toy avoir, que l'eglise ne s'i vouldroit pas accorder. (ARRAS, c.1392-1393, 305).

 

2.

Vertu de don : Gardez que vous ne promettez chose que vous ne puissiez tenir ; et, se vous promettez aucune chose, ne la faictes pas trop attendre, car longue attente estaint moult la vertu de don. (ARRAS, c.1392-1393, 85).

 

3.

Don temporel. "Bien de ce monde" : Et celle dame avoit un esparvier, ou tout chevalier de noble sang qui le povoit veillier IIJ. jours et IIJ. nuys, sans dormir, elle s'apparissoit a eulx, et avoient un don de elle, tel qu'ilz le vouloient demander, voire des dons temporelz, sans pechié de corps, ne sans elle touchier charnelment. (ARRAS, c.1392-1393, 302).

B. -

"Sort, lot, destin malheureux, malédiction"

 

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Donner à qqn le don que : La vertu du germe de ton pere toy et les autres eust attrait a sa nature humaine, et eussiés esté briefment hors des meurs, nimphes et faees, sans y retourner. Mais desormais je te donne le don que tu seras tous les samedis serpente du nombril en aval. Mais, se tu treuves homme qui te veuille prendre a espouse, que il te convenance que jamais le samedy ne te verra, non qu'il te descuevre, ne ne le die a personne, tu vivras cours naturel comme femme naturelle, et mourras naturelment. (ARRAS, c.1392-1393, 13).
 

Arras Jocelyne Bernardoff / Jean-Loup Ringenbach


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